Romancier et peintre mais aussi sculpteur, Binebine séjourne un temps à  Paris puis à New York avant de rentrer au Maroc en 2002. La force de son  travail pictural émane de l’usage fin et concis d’une matière plastique  particulièrement tactile, dense, rugueuse, dotée d’une sensualité  presque charnelle. Ses qualités plastiques, qui ne manquent ni de  rigueur technique dans leur élaboration ni de séduction esthétique,  s’expliquent par l’utilisation de matériaux qu’il repère et combine à sa  guise et en fonction de ses intentions. Binebine aime à manier divers  pigments associés à l’ocre de la terre et surtout à la cire d’abeille  qu’il fait fondre avant d’en étaler de fines couches sur les panneaux  qu’il s'apprête à peindre, une technique que cet infatigable chercheur  en arts plastiques a repris des artistes de la Renaissance italienne et  qui confère une intense matérialité aux couleurs. Ainsi, Binebine  réussit-il à rendre les mystérieux personnages qu’il peint intensément  pathétiques et émouvants, dégageant un profond sentiment de mal-être et  d’inquiétude.