Ikram Kabbaj vint à l’idéal sculptural à partir d’un autre horizon  culturel, celui-là même qui, fondé sur une stricte assise iconoclaste,  rejette l’œuvre sculptée. Qu’elle soit statue ou simple stèle, l’œuvre  sculptée a en effet constamment souffert dans l’imaginaire  judéo-musulman d’un préjugé théologal négatif. Kabbaj réhabilite en  douceur la sculpture en esquivant avec une joyeuse malice le mimétisme  de la stature grecque. Ses mains agiles façonnent une multitude de  matériaux : argile, métal, fibre de verre, pierre, marbre. Le lisse, le  poli, la linéarité verticale, qui scintille surtout dans les œuvres en  marbre, retiennent à chaque fois le regard du public, le médusent même.  Par la masse et la pesanteur certes, mais aussi par la forme, le  contour, le tracé. Seraient-elles le signe d’un salutaire retour du  refoulé? Rappellent-elles, du très fond des âges, ces stèles antiques de  l’Arabie heureuse, l’Arabie païenne? En art, comme en psychologie, on  échappe jamais à ses débuts, ni à ses… “démons”! Et Ikram Kabbaj assume  pleinement sa passion, étant à l’origine de l’organisation de symposiums  internationaux de sculpture au Maroc et en ne cessant de militer pour  que la sculpture prenne enfin une place de choix dans nos villes.