Amina Benbouchta trace une voie singulière dans le paysage de l'art  contemporain marocain. Elle poursuit à la fois la très ancienne  confrontation avec la peinture, avec sa tradition et ses codes, mais  elle développe également un travail sur la mise en volume ou en espace.  Ses thèmes récurrents, objets de mémoire ou de persistance rétinienne,  trouvent à s'exprimer sur la surface de la toile et du papier ou sous  forme d'installations qui utilisent les effets d'échelle ou de matières.  C'est un corps archaïque qui parle au travers de ces formes maintenues  dans un jeu subtil de voilement/dévoilement, d'apparition/recouvrement,  un jeu de transparence aussi dans son travail récent sur altuglas, à  fleur d'une réalité qui ne perd rien cependant de sa violence et de sa  noirceur. Amina Benbouchta, sur un fil, et depuis cette partie du monde  où se produit son travail, affirme qu'il est possible de se tenir hors  des problématiques identitaires, dans l'universalité de notre rapport au  monde. Nos paysages intérieurs, images mémorielles que nous convoquons  en nous, même s'ils apparaissent dans leur hétérogénéité, nous  réconcilient avec nous-mêmes et questionnent ce rapport.